Quand on est à Londres depuis seulement quelques semaines, comme la jeune française que je suis, certains automatismes ne sont pas encore acquis, comme celui de tenir sa droite sur l’escalator du métro ou celui de se mettre en file indienne à l’arrêt de bus. Alors, quand on m’a demandé d’interviewer Danielle Baggioni, personal shopper au Selfridges de Londres, j’ai d’abord demandé où se trouvait le Selfridges et ensuite qu’est-ce qu’était un personal shopper…
Pour inaugurer mes premiers pas dans le fameux grand magasin londonien, je devais retrouver Danielle dans sa cabine privée. Ambiance feutrée dès que l’on passe le portique « Personal Shopping » du troisième étage. Je me présente, on me prie de patienter sur l’un de ses merveilleux canapés dans lequel je me laisse allégrement tomber. Danielle arrive quelques minutes après, tout sourire, et m’invite à quitter mon confortable siège pour me rendre dans son espace privé : sa cabine d’essayage ! Danielle a prit le soin de préparer sa ‘loge’: quelques robes de grands couturiers sur le porte manteau, un sac magnifique (dont j’ai omis la marque !) et des Louboutin en vernis rouge … Formant un triptyque, trois glaces remplissent les lieux… « miroirs, mon beau miroir dit moi qu’elle robe il me faut ! » Au pays du paraître et des fringues, Danielle a le devoir de répondre à cette question.
En qualité de personal shopper et experte de la mode, elle doit en faire autant pour moi. Que se dit-elle? Que ma chemise à pois bleu marine jure sur ma veste en cuir beige? Elle, elle a joué la sobriété, pas d’erreur possible d’assortiment puisque c’est toute de noir vêtue qu’elle me reçoit. Très classe, élégante, au maquillage sobre et naturel, elle a ce mystère des femmes qui n’ont pas d’âge. Elle me confie qu’elle se tient en forme en faisant du vélo et en allant à la gym. Elle aime la vie, et d’après ce qu’elle me livre, elle a dû vivre un milliard de choses.
Elle a 18 ans en 1968, et décide de mettre les voiles : cap vers le sud de l’Angleterre. Son visa de travail en poche (et oui à l’époque les français devaient avoir un Visa de travail pour l’Angleterre), elle trouve un job de jeune fille au pair. Son objectif est d’apprendre l’anglais. Petit sourire en coin, elle me confie qu’elle avait aussi très envie de découvrir la vie londonienne, ses lieux de fêtes, ses danse clubs et ses quartiers tendances comme Carnaby Street. Elle décide de rester à Londres et de travailler dans des magasins de mode afin de parfaire son anglais. C’est de cette manière qu’elle atterit dans la King’s Road, quartier ultra à la mode dans les années 60, où s’alignent les boutiques. C’est le vivier des jeunes designers, comme Vivienne Westwood ou la styliste Mary Quant qui crée la minijupe ! A l’époque, la mini est plus qu’un simple bout de tissu, c’est le symbole d’indépendance des femmes. Celles-ci prennent la pilule, s’habillent court et travaillent. Ce vent de liberté féminine pousse Danielle à réussir par elle-même. En tant que française, elle n’a aucun mal à se faire une place dans le milieu : « Etre française c’était un passeport dans le monde de la mode » explique-t-elle. Elle gravit les échelons, en enchaînant tous les jobs ayant de près ou de loin un rapport avec le monde des fashionistas. De la vente, à la direction de magasins, en passant par les enseignes de grands couturiers comme George Rech, Saint Laurent ou Versace, Danielle fait le bilan de sa vie et pense avoir fait le tour des métiers de la mode. Et puis, on lui propose d’être personal shopper chez Selfridges. Elle accepte…
Elle se fait très rapidement une bonne clientèle. Peut être parce qu’en tant que française elle véhicule une « french touch » qui assure aux clients un goût sûr pour les vêtements qu’elle recommande. Elle aime à raconter que ses clientes se sentent «réconfortées » de se savoir entre les mains françaises d’une experte de la mode. Mais même si Danielle est française, elle a passé plus de la moitié de sa vie en Grande-Bretagne, et c’est dans un discours très franglais qu’elle tente de m’expliquer les différences vestimentaires de part et d’autre de la Manche. En tant que novice, je m’accroche aux mots de Danielle et tente de percer le mystère d’une tenue « smart casual » ou « trendy » . En vain, je crois que la seule chose que j’ai retenue c’est que les françaises savent s’habiller sans faire d’effort…peut-être que ma chemise à pois n’était finalement pas si mal avec ma veste en cuir beige… Quoiqu’il en soit, le passeport français de Danielle a été un véritable « sésame ouvre-toi » dont elle a joué tout au long de sa carrière.
Rapidement, je m’aperçois que Danielle s’est rendue compte que je suis un peu perdue avec son jargon. Je lui demande alors de m’expliquer plus «concrètement » en quoi consiste son activité. Elle me dit qu’elle ne s’occupe pas uniquement des vêtements, mais aussi de tous les produits du Selfridges, comme le « homewear », par exemple (literie et art de la table). Elle me livre deux anecdotes étonnantes : la commande d’un téléphone portable Nokia, plaqué or, de 15000 livres ou encore celle de quatre cents Krispy Kreme Doughnuts par l’un de ses clients! Danielle, c’est un peu un assistant shopping qui fait les magasins à notre place et qui peut trouver des idées cadeaux pour Noël, par exemple. Tout ça à l’air de lui plaire en tout cas, et elle trouverait plutôt grisant de dépenser des fortunes pour la commande d’un client.
Au fur et à mesure que je parle avec Danielle, je me rends compte qu’elle aime son métier pour le contact intime qu’elle établit avec sa clientèle. « J’ai une relation beaucoup plus que professionnelle avec ma clientèle, me confie-t-elle. Elles n’hésitent pas à m’appeler en dehors de mes heures de travail, pour des conseils garde de robe ». Elle tient à les mettre en confiance en adoptant une attitude un peu « friendly », car : «si la personne n’a pas confiance, elle ne revient pas, et c’est une vente perdue » me dit Danielle. De ce point de vue là les françaises sont différentes des anglaises. Une française sera beaucoup plus franche si un produit ne lui plait pas, alors que l’anglaise est plus modérée, et il est donc plus difficile de décoder ses envies.
Même si elle sait que son métier c’est avant tout d’être vendeuse, Danielle se considère comme une psycho-analyste de la garde robe. Je trouve la comparaison exagérée, mais voilà Danielle en train d’argumenter : « Les gens vont voir un psychanalyste pour se sentir bien à l’intérieur. J’ai le même travail que ces personnes, mais moi je le fais à l’extérieur, c’est à dire que je donne confiance à une personne avec les vêtements ». Même si elle ne m’a pas convaincu, je veux bien croire qu’au fond Danielle aime les gens qu’elle habille, le prouve cette anecdote: « Hier, une dame charmante est venue avec ses deux filles, elle avait un bras en prothèse. Elle était très gênée par rapport à ça. Elle voulait des vêtements avec des manches assez longues, mais elle voulait être un peu « trendy ». Je lui ai cherché des vêtements sympas, cool. Et quand elle est partie, elle m’a embrassé et elle a voulu prendre une photo avec moi ! C’était peut être pas un gros budget, mais quand je suis rentrée chez moi, j’étais fière de moi, j’étais contente… »
Ses clientes, Danielle a l’air de les apprécier. La plupart sont anglaises, d’autres viennent d’Irlande ou encore du Middle East…Beaucoup sont des femmes d’affaires, d’autres des femmes au foyer qui ont un peu perdu le sens de « qu’est-ce qui leur va, qu’est ce qui ne leur va pas » dixit Madame Baggioni. « Et puis, me dit-elle, je fais aussi les hommes (petit regard en coin). Les hommes, il faut aller les chercher, ils ne viennent pas facilement. La plupart sont les maris des femmes que j’habille ».
Dans ce monde luxueux et superficiel dans lequel évolue tous les jours Danielle, je ne peux m’empêcher de lui demander si la crise économique à changer le comportement d’achat de sa clientèle. Un peu gênée peut être, elle me répond que non, au contraire… « J’ai moins de nouveaux clients, mais ceux que j’ai ont eu tendance à plus dépenser ». Les nantis n’étant pas touchés par les remous économiques, il y aura donc toujours des clients pour les Personal Shoppers…
Je dois avouer qu’avant de rencontrer Danielle j’étais pleine d’ à priori sur son métier. Je la voyais comme un coach vestimentaire, et je lui demande si ma comparaison est juste. Elle refuse cette association, sans plus s’étendre sur le sujet…A croire que le terme de coach véhicule, pour elle, une image négative. Les questions qui suivront, auront toutes une réponse très catégorique : « Vous ne pensez pas que les femmes qui viennent vous voir sont dans la recherche obsédante de l’image parfaite ? », « Non » me répond-elle. Elle m’accordera cependant, que les femmes qu’elle habille tentent de ressembler aux mannequins des magazines…
Enfin, pour terminer, quand je demande à Danielle si elle compte retourner en France, elle fait une moue, et je comprends qu’elle n’envisage pas cette solution dans les années à venir. Elle garde cependant un pied à Paris où elle se rend tous les ans pour se présenter aux personal shopper du Printemps, des Galeries Lafayette et du Bon Marché… pour parler de mode « of course » !
COMMENTAIRES:
23/09/2010 - contact a dit :
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