Couronne royale
Culture
Décapiter la Reine ou couronner le Président?
By Isabel Mariscal
26/05/2009
Bien installée sur son trône depuis maintenant 57 ans, Elisabeth II,
Reine d’Angleterre est une figure du paysage médiatique britannique et
international. Cette grande dame de 1.58 mètres a su recueillir le
respect et l’estime de ses concitoyens. Aimée,
Les mille et un chapeaux de Elisabeth II
moins aimée, elle ne laisse, en tout cas, personne indifférent. Pour
les français elle est cette vieille dame qui décline les chapeaux dans
autant de nuances que le spectre des couleurs le permet. La française
Simone Mirman s’en est assuré pendant plusieurs décennies, elle qui
était sa chapelière.
Queen Elizabeth est pour les anglais
ce que le plateau de fromages et le coq gaulois représentent pour les
français dépourvus de monarque, le vestige d’une tradition et d’une
identité nationale.
La descendance royale en France
Face à cette île à la longue tradition de monarchie parlementaire, la
France fait front avec sa république démocratique et laïque. Et même si
pendant des siècles la France a vécu sous un régime monarchique,
l’ombre d’une couronne à la tête du pays n’est tout simplement pas
envisageable pour les français d’aujourd’hui. Et ceci même si, tapis
dans l’ombre, certains royalistes tels que les
Louis Philippe 1er, dernier roi de la dynastie Bourbon-Orléans
bonapartistes ou les orléanistes rêvent encore de Bastille et de Fleur
de Lys. Feu Le Comte de Paris, Henri d’Orléans, descendant de la lignée
orléaniste, se voulait le dernier des capétiens. Rongé par la quête du
pouvoir, il aurait même pensé accéder au trône en passant par les voies
électorales en 1965. Voyant son rêve se briser, ce « roi » déchu
aurait, de rage, dilapidé la fortune de sa famille. Après sa mort, on
aurait trouvé dans son appartement un héritage réduit à une paire de
pantoufles et à une boite de mouchoirs…
Des souverains bien nommés
Même s'il n'est pas monarque et fut élu par les voies démocratiques, Nicolas Sarkozy est souvent comparé à un "roi sans
Louis XVI caricaturé en "Roi Cochon".
couronne", abusant de son pouvoir de chef de l'Etat. Le président
francais, souvent critiqué, ne bénéficie pas de la même popularité que
la "Queen Lady" britannique qui traversent les générations. Et puis,
surtout on se risque peu à critiquer la Reine d’Angleterre. Le seul
surnom qu’on lui connaît est l’affectueux « Lilibet ». En revanche,
lors de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a été affublé de
sobriquets peu aimables, comme par exemple: le Nain de Neuilly,
Naboléon, le Petit Nicolas ou encore le Commandeur des Crédules. On
reconnait volontiers que le peuple français est souvent critique, et
qu’il caricature avec humour les défauts et les qualités des gens qui
l’ont gouverné. Dagobert met sa culotte à l’envers, dans une chanson de
la Révolution francaise. C’est en fait une façon détournée pour les
français de se moquer du monarque alors régnant, Louis XVI, et non pas
de ce bon vieux roi mérovingien. A en croire d’autres surnoms, les
monarques étaient souvent issus de lignée aux caractéristiques
physiques prononcées : Au IXème siècle, Louis II, dit "le Bègue" est le
digne fils de Charles II, dit "le Chauve". Charles le Gros, lui, était
connu pour être un monarque haut comme trois pommes encore vertes. Il
avait un ventre qui ne lui permettait pas d’entrevoir le bout de ses
orteils, d’énormes varices parcouraient ses jambes, et dit-on, un des
ses bras était plus long que l’autre. Au XVIII ème siècle, Louis XVI,
détesté et méprisé lors de son arrestation à Varenne, fut surnommé le
"Gros Chochon" et dès lors de nombreuses caricatures le représentèrent
en porc.
De la même manière, mais beaucoup moins moqueurs, les anglais
prêtaient également des surnoms à leurs souverains. Comme les Indiens
qui se nomment « Ours Bondissant » ou « menton pointu », il y a eu
chez les britanniques, Harold Pied de Lièvre ( Harefoot) , connu pour
sa rapidité et ses talents de chasseur. Edmond Côtes-de-fer ( Ironside)
résista à l’invasion menée par le roi danois Knud 1er le Grand. Quant à
Jean Sans terre ( Lackland), il attendit longtemps en vain avant de
recevoir une part des domaines paternels.
Vigilance républicaine française contre la menace d'une "restauration".
Couverture Le Point, janvier 2009.
Il est évident que les français n’ont pas le même rapport à la
monarchie que l’ont les britanniques. Alors que les anglais entonnent
un « God save the queen » comme hymne national et hommage à la
royauté, la Marseillaise francaise, chant révolutionnaire, ravive de
son côté le souvenir du couperet au dessus des têtes couronnées. Et
quand un chef d’état français prend des allures de despote, c’est la
levée de bouclier. De ce fait, le 14 février dernier, le journal «
Marianne » et son rédacteur en chef Jean-Francois Khan, ont appelé la
France à signer une pétition pour une « vigilance républicaine »,
jugeant les agissements de Nicolas Sarkozy proches de la monarchie
élective. On reproche, entre autres, au président son omnipotence et
son omniprésence sur
The Economist caricature Nicolas Sarkozy sous les trait de Bonaparte.
la scène médiatique. On juge le président francais comme un traitre de
la laicité, parlant tour à tour comme laïc ou comme croyant. Qui ne se
rappelle pas de ce fameux discours du Latran en 2007, au cours duquel
il dit vouloir accorder plus de place à la religion dans la vie
publique? La même année,
The Economist l’avait même représenté en Bonaparte à cheval, d’après le célèbre tableau de Jacques-Louis David (
Le passage du Grand-Saint-Bernard).
L’Angleterre avait donc bien prédit ce que la France récolte
aujourd’hui comme le fruit de la vie fastueuse et des pleins pouvoirs
de son président de la République.
La Monarchie britannique remise en question.
En 2008, un rapport officiel de
l'ONU, incitait la Grande-Bretagne à tenir un référendum afin de voter
en faveur ou non de l'abolition de la Monarchie. Cela pose la question
de savoir si la Monarchie britannique représente un système
anachronique et s'il est préférable de le remplacer par une République,
comme celle de la France par exemple. Selon un sondage de l'institut
MORI, 20 pour cent des anglais seraient favorables à l'abolition de la
Monarchie.
La Monarchie que certains anglais se permettent de critiquer est aussi
celle qui continue de nouer un lien fort entre l'Etat et l'Eglise.
Rappelons que l'Église d'Angleterre prend en charge l'éducation des
élèves britanniques à travers plus de 7000 écoles d'Etat sur les 21000
que compte la Grande-Bretagne. Selon un article de The Observer ,
datant de 2004, dans le systême anglais "tout est fait pour encourager
les élèves à s'identifier à une religion." ( Ben Rogers). Propos face
auxquels un porte-parole de la Qualifications and Curriculum Authority
renchérit : "De nombreux enfants en Angleterre n'affichent aucune
croyance religieuse, et leurs convictions, quelles qu'elles soient,
devraient être prises très au sérieux.» Mais en 2007, le ministère
anglais signait une déclaration approuvait le financement des écoles
religieuses et considérant ceci comme une force pour promouvoir la
tolérance. De son côté, le programme du parti Républicain anglais
(Republic party), considère comme inévitable la séparation de l'Eglise
et de l'Etat dans l'instauration d'une République démocratique. Il
souhaiterait , par ailleurs, instaurer un régime parlementaire à
l'instar de l'Irlande ou de l'Allemagne.
En tant que média, nous nous devons de solliciter l'opinion publique.
La parole est donc remise aux concernés : donnez-nous votre avis sur
une éventuelle abolition de la Monarchie Britannique !
COMMENTAIRES:
04/01/2011 - giuseppepadrino a dit :
Juste pour Sarkozy et Napoléon: on ne veut/voulait pas forcément qu'il reste au pouvoir! Qu'en ai t-il de la reine Élisabeth II?
17/06/2009 - magnificent_moosettina a dit :
Ironically, its thanks to a Norman Duke, Guillaume le Batard, claiming teh crown of England that the UK has a royal descent!France however, like Italy was not a united nation for several hundred years, and her monarchs ranged in quality from Henry IV and Louis XIV as rulers to Louis XVI and Louis XVIII even signed his constitutional document confirming his succession to the throne of France while at Hartwell House in Aylesbury, England!
Incidentally at mention of Queen Elizabeth II's height of 1.53m, is it not true that both President Sarkozy and Napoleon are/ were of below average height?
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