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In the House
Culture

Critique de Film: Dans la maison de François Ozon

By Adrienne Benassy
07/02/2013

La caméra d’Ozon pénètre dans la maison d’un étranger, la voix off d’un jeune narrateur délivre au spectateur sa vision du réel. Concept original conduit avec justesse ou voyeurisme pervers? Le film d’Ozon ne fait pas l’unanimité. France In London revient sur ce film troublant et fascinant.

 

Dans la maison - La famille
Dans la maison - La famille "Rapha"

Synopsis.

Au lycée Gustave Flaubert, pour la rentrée des classes, l’uniforme est de rigueur. Exaspéré par cette volonté de gommer les différences sociales au sein de l’établissement, déçu par sa carrière et excédé par le piètre niveau de ses élèves, Mr Germain, le professeur de français (Fabrice Lucchini), leur donne une rédaction facile : raconter son week-end. Alors que se succèdent les copies fades et banales, il entrevoit dans celle de Claude Garcia (Ernst Umhauer), le germe d’un génie littéraire. Le jeune garçon de 16 ans au visage pâle, est allé chez « Rapha », son camarade de classe (Bastien Ughetto) pour lui donner des cours de mathématiques. Dans sa rédaction, il narre avec cynisme et froideur son expérience au sein de ce foyer typique de la classe moyenne. Esther (Emmanuelle Seigner), « la femme qui s’ennuie le plus au monde », « Rapha » père, commercial fasciné par la Chine et « Rapha » fils mènent une existence plate et conventionnelle dont s’inspire Claude pour écrire. Emballé par la plume de ce jeune virtuose, Mr Germain va se lier d’amitié avec lui et le pousser à s’immiscer toujours plus au cœur de la maison des « Rapha ». Mais ses personnages sont, à l’image de cette famille, ordinaires et insipides. Pour les rendre plus poignants, Claude va progressivement troubler l’ordre de cette maison, ce jusqu’à provoquer une série d’évènements incontrôlables.

 

Dans la maison - Claude et Mr Germain
Dans la maison - Claude et Mr Germain

Fascinant voyage au cœur du processus de création littéraire, Dans la maison, transporte le spectateur jusqu’au vertige dans les méandres de la fiction et du réel.

Avant même de s’immiscer dans la maison des « Rapha », Claude rêvait de les observer, de se nourrir de leurs vies pour créer ses personnages de fiction. Une fois infiltré dans leur foyer, il joue avec leurs désirs, il force son amitié avec « Rapha », se lie d’une relation ambiguë avec sa mère, Esther, agit comme un fils de remplacement auprès du père… Tout cela pour construire son histoire, trouver un dénouement, donner un peu de piment à son roman. Le goût de la littérature se mêle alors au vice de la manipulation. La frontière entre réalité et fiction se brouille jusqu’au danger, jusqu’au vertige, jusqu’à en perdre le fil. François Ozon a créé un personnage qui lui ressemble. Claude c’est par extension le cinéaste qui s’inspire du réel pour le façonner, une véritable mise en abyme qui laisse le spectateur pensif sur les liens entre fiction et réalité au cinéma.

 

Dans la maison - Mr Germain et sa femme
Dans la maison - Mr Germain et sa femme

François Ozon signe un thriller brillamment structuré, où le désir, omniprésent, ne cesse de troubler le spectateur.

Les yeux clairs et perçants de Claude Garcia ne laissent pas indemne. Ils sont le reflet de ses velléités manipulatrices, de son voyeurisme, de sa perversité, de son narcissisme. Personnage brillant mais débectant par moment, Claude force le spectateur dans son jeu malsain et sans limites. Sa force de manipulation glace parfois le sang. Pour se gagner la sympathie de cette famille idéale – celle qu’il n’a jamais eue-  il instrumentalise la mort de sa mère et la pauvreté de son père. Il n’hésite pas non plus à user de son pouvoir de séduction pour développer son intrigue. Le jeune virtuose séduit la mère, fait office d’un second fils pour le père et laisse se développer la jalousie et les désirs homosexuels du fils. L’imbroglio amoureux qui germe au cœur de la famille Rapha n’est pourtant pas de son seul fait. Mr Germain, charmé par son élève en qui il voit ses ambitions déchues, pousse Claude dans cette situation. Entre désir et fascination,  leur relation s’attire la risée de la classe, provoque l’inquiétude de la femme de Mr Germain, magnifiquement incarnée par Kristin Scott Thomas et trouble le spectateur.

 

Dans la maison - Claude Garcia
Dans la maison - Claude Garcia

Dans la maison maintient le spectateur en haleine, lui aussi toujours désireux de connaître la suite du prochain épisode, néanmoins Ozon sombre parfois dans la caricature sociale.

Trop souvent, Ozon fait l’amalgame entre classe moyenne et médiocrité. La famille « Rapha », véritable incarnation du rêve pavillonnaire, accumule les stéréotypes irritants. Férue de décoration, la mère mène une existence dont la vacuité effraie. Le fils, reflet de son père, est d’une bêtise sans égale. Les deux parents jettent l’opprobre sur leur progéniture, qui peine à décrocher une note au dessus de la moyenne, alors que leur absence de talens semble directement responsable de son échec. Parallèlement à cette culture populaire dévoilée sous ses aspects les plus méprisables, Claude et Mr Germain incarnent, par contraste, la culture noble. Pauvre mais brillant, Claude est le seul de la classe qui parvient à captiver  Mr Germain, professeur snob. Néanmoins, Ozon, à sa défense, ne prétend pas au réalisme et Dans la maison ne se veut pas une fresque de la société française du XXIe siècle. Si les stéréotypes irritent, l'ironie d'Ozon lui évite de sombrer dans la moquerie caricaturale pour laisser place au suspense.  

Verdit : Un film fascinant, rythmé par la plume intriguante de Claude Garcia, un casting agréable, une mise en abyme qui prête à la réflexion. À voir.  

COMMENTAIRES:

12/02/2013 - writers_reign a dit :

As I've yet to see this film anything other than the most general comment would be inappropriate.
I've seen seven of 34 films directed by Ozon, albeit some of his output consists of shorts and I fail to share the widespread acclaim of his work finding him both precious and pretentious compared to other directors working in France today. If, hypothetically, several French directors were releasing new films the same day I would go first to those signed by Tonie Marshall, Ann Fontaine, Danielle Thompson, Marion Vernoux, Richard Berry, Denis Dernicourt. Perhaps significantly the Ozon films I found most palatable to date were 5 Women and 5 x 2. This does not mean I am ready and/or prepared to write him off and this new film does seem of interest.

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