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In The House
Culture

Interview avec Kristin Scott Thomas & François Ozon

By Adrienne Benassy
27/03/2013

Dans la maison, le dernier film de François Ozon, avec Fabrice Luchini et Kristin Scott Thomas sortira Au Royaume-Uni le 29 mars. Pour donner un avant-goût de ce très bon film, FranceinLondon a rencontré François Ozon et la très talentueuse Kristin Scott Thomas pour qu’ils nous parlent de leur dernière collaboration. François dévoile aussi ses débuts scandaleux à l’école et son goût pour la manipulation tandis que Kristin nous parle de sa fascination pour les rôles français et sa relation d’amour et de haine avec le cinéma. 

 

 

François Ozon : "Cela fait longtemps que je pensais à Kristin"

 

Comment s'est déroulé le casting?

François Ozon: Au départ, il fallait trouver Germain, le professeur de français et Fabrice Luchini s’est présenté comme une évidence, pour les Français, c’est un spécialiste de la littérature. Après, j’ai dû trouver sa femme avec qui il devait très bien s’entendre. Mon premier choix était Kristin. Ils avaient tous les deux une formation théâtrale et le courant pourrait très bien passer entre eux, et ce fût le cas. 
 

Fabrice Luchini & Kristin Scott Thomas - In The House
Fabrice Luchini & Kristin Scott Thomas - In The House

 

Comment est-ce que le projet s'est-t-il présenté à vous? 

Kristin Scott Thomas: J'ai rejoint le projet car François me l’a demandé. Au départ, je ne pouvais pas le faire car j’allais jouer une pièce de théâtre à Londres. Mais après mon emploi du temps a changé et j’ai finalement pu jouer pour François, c’était un miracle et nous étions tous très heureux. (Rires)
 

Selon des rumeurs dans la presse, vous vous tourniez autour depuis longtemps. Avez vous déjà essayé de travailler ensemble? 

François Ozon: Cela fait longtemps que je pensais à Kristin, mais je ne sais pas si c'était réciproque. (Rires)

Y-avait-t-il quelque chose en particulier qui vous a plu dans ce personnage?

Kristin Scott Thomas: Ce n’était pas tant le personnage mais le projet dans sa globalité, tout le scénario, que j’ai trouvé très drôle. Aussi, j’étais très intriguée et excitée à l’idée de travailler auprès de François, car j’adore ses comédies. Je voulais aussi donner la réplique à Luchini, je pensais que ce serait génial. 

 

Kristin Scott Thomas: "Si j'aime l'art contemporain? En partie. Mais je n'aime pas tout le "pipeau" qui l'entoure"

Kristin Scott Thomas - In The House

Kristin Scott Thomas - In The House

 

Aimez-vous l'art contemporain, comme votre personnage?

Kristin Scott Thomas: Oui. Je n’aime pas dire « J’aime l’art contemporain ». Est-ce que j’aime l’art contemporain ? En partie. Ce que je n’aime pas c’est le « pipeau » qui l’entoure parfois. Donc ce que j’aime chez le personnage, c’est la façon dont elle peine à défendre des objets d’art, fruits du travail laborieux de quelqu’un d’autre. Elle essaie de s’enthousiasmer, et je pouvais sentir, rien qu’en lisant le scénario, qu’elle avait déjà abandonné car l'oeuvre d'art ne plairait pas. Donc c’était un mélange de « Je crois que cela pourrait vraiment fonctionner, vraiment ! » et ensuite se rendre compte qu’en fait non. C’est cet aspect là qui m’a plu. 

 

François Ozon: "Elle est très bien, car elle est tendre et... c'est une MILF" 

 

Emmanuelle Seigner - In The House
Emmanuelle Seigner - In The House

Pourquoi avez-vous choisi Emmanuelle Seigner?

François Ozon: J’ai toujours voulu travailler avec elle. Nous avons eu un projet ensemble il y a quelques temps, mais il n’a jamais abouti. Et je voulais la faire jouer un rôle différent de ceux que lui donnent la plupart des directeurs français, qui la cantonnent dans une image de femme très agressive et sexuelle. Dans mon film, elle est tendre, maternelle et simple. Au départ, elle était surprise de recevoir le scénario, mais je pense qu’elle est bien dans ce rôle car elle est tendre et… c’est une MILF. Vous dites ça aussi ? C’est un mot qui vient d’arriver en France, alors tout le monde l’utilise (Rires). C’est une MILF parfaite pour un jeune garçon. 

Ernst Umhauer est un visage nouveau de la scène cinématographique française. Pourquoi l'avez-vous choisi lui plutôt qu'un autre?

François Ozon: C’était le plus grand défi de ce casting, car son personnage, Claude, est très important, une grande partie du film pèse sur ses épaules. Au départ, j’ai vu des jeunes garçons de 17 ans, mais je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas assez matures et qu’ils ne pourraient pas faire face à Fabrice Luchini, qui est un monstre dans son genre. Donc j’ai élargi le casting à des jeunes hommes plus âgés, et c’est là que j’ai rencontré Ernst. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il a 21 ans mais il a l’air d’en avoir 16 ou 17. Aussi, il avait la maturité et l’intelligence du personnage. Il est très beau également. Il a un regard très marqué, ce qui est important pour un film sur le voyeurisme. 

Ernst Umhauer - In The House
Ernst Umhauer - In The House
 

François Ozon: "Je ne voulais pas que ce soit réaliste"

Vous semblez avoir une vision très stéréotypée de la classe moyenne. La mère ne travaille pas, le père est obsédé par l'argent et leur fils n'est pas très bon à l'école alors que Claude, issu d'un milieu défavorisé, est brillant. Est-ce votre vision de la société? 

François Ozon: Non, ce n’est pas mon point de vue sur la famille. C’est celui de Claude et ce qui m’intéressait c’est l’évolution du regard qu’il porte sur ce foyer de classe moyenne. Au début, c’est vrai, Claude est très ironique quant à la famille Rapha, mais ensuite il devient sensible à leur charme et tombe amoureux de la mère. Pour le faire changer de point de vue, je devais être cynique, ironique et caricatural. Mais au final, ils n’ont pas l’air d’une famille de classe moyenne française, mais plutôt américaine.  

Pourtant vous laissez le spectateur avec une sensation de dédain vis-à-vis de la classe moyenne. Est-ce l'effet désiré?

François Ozon: Je ne voulais pas faire quelque chose de réaliste. Ce n’est pas du tout réaliste pour un Français. C’est une vision de la culture américaine en France. J’ai donc pensé que ce serait drôle de filmer cette maison, qui a l’air typiquement américaine tout comme l’obsession du père pour le basketball, les pizzas et tout le reste.  

In The House
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François Ozon et la manipulation: "Nous sommes tous pervers ensemble"

 

La totalité du film traite du processus de création et de la manipulation qu'il requiert. Êtes vous manipulateur?

François Ozon: Évidemment. Nous avons appris cela d’Hitchcock. C’est le premier réalisateur à déclarer qu’il fallait être manipulateur et voyeuriste. Mais je pense que l’audience aussi. La fascination que nous avons pour le cinéma, le fait que nous soyons tous dans le noir à regarder des gens nus sur l’écran, c’est très pervers aussi. Alors nous sommes tous pervers ensemble. 
 

Aimez-vous manipuler les gens?

François Ozon: Oui, c’est un jeu. Je veux dire dans les films. Je pense que la plupart des gens aiment être manipulés. C’est un plaisir. Juste un jeu, juste un film au final, pas une question de vie et de mort. J’aime manipuler au cinéma pas dans la vraie vie. 
 

Mais dans votre film, il ne s'agit pas seulement d'un roman, le processus d'écriture affecte la réalité de la famille. Manipuler vos acteurs peut justement avoir un effet sur le réel. Avez-vous déjà ressenti cela?

François Ozon: J’ai ressenti cela durant un court-métrage que j’ai filmé il y a longtemps. Une actrice jouait une tueuse en série et était tellement impliquée dans son rôle qu’à un moment, j’ai cru qu’elle allait tuer tout le monde. J’ai eu peur et j’ai dû m’occuper d’elle et de lui parler. Mais à certains moments, elle était à la limite de faire quelque chose de très dangereux. C’est peut être pour cela que mes films sont parfois assez limites.  
 

François Ozon à ses débuts: "Une professeure me détestait et pensait que j'écrivais des choses scandaleuses" 

 

François Ozon
François Ozon

Étiez-vous naturellement doué en littérature?

François Ozon: Non. Je ne l’étais pas. J’étais très imaginatif. Quand j’étais à l’école, nous écrivions des essais et la professeure me détestait et trouvait que j’écrivais des choses scandaleuses. J’avais toujours la moins bonne note. Mes parents étaient choqués et avaient peur. Un jour, elle est tombée malade et une jeune remplaçante est venue. J’écrivais toujours le même type d’essais et j’ai eu la meilleure note. Elle m’a même demandé de le lire devant toute la classe. Puis l’ancienne enseignante est revenue et j’ai à nouveau eu la moins bonne note. C’est là que j’ai compris que l’art était subjectif, que les gens aimeraient ou détesteraient ce que je faisais, donc c’était une bonne expérience. 

Acceptez-vous bien la critique?

François Ozon: 

Oui, surtout quand il s'agit du scénario, car à ce stage le travail n'est pas fini. C'est juste une étape du processus, donc je n'ai aucune objection à ce que quelqu'un me dise "cette scène est horrible", je peux l'accepter. 

Pensez-vous que nous avons tous besoin d'histoires?

François Ozon: Je suis accro aux histoires. J'en écris pour survivre. Nous aimons tous les histoires, l'art et la littérature. Ça nous aide à supporter nos vies. 

Préférez-vous écrire?

François Ozon: Non. Je préfère filmer, mais surtout je préfère le montage. 

Pourtant le film ne traite que de l'écriture?

François Ozon: Je sais mais cela pourrait tout aussi bien traiter de la réalisation, c’est à propos de la création en général. Mais c’est plus facile de parler du processus de création en montrant un écrivain plutôt qu’un réalisateur. 

 

Kristin Scott Thomas: "Je suis la reine des déclarations dramatiques"

 

Kristin Scott Thomas - In The House
Kristin Scott Thomas - In The House


J'ai lu dans la presse que vous détestiez le cinéma et que vous ne vouliez plus faire de films. A-t-on déformé vos propos?

Kristin Scott Thomas: C'était la semaine dernière. (Rires) 

Cela semble très dramatique, mais a-t-on déformé vos propos?

Kristin Scott Thomas: Je suis la reine des déclarations dramatiques. Je ne sais pas. Je jouerai dans un autre film, c'est écrit.  

Rejetez-vous beaucoup de rôles?

Kristin Scott Thomas: Disons, que je ne le ferais pas si je n'en avais envie. J'ai retenu la leçon. Si j'ai beaucoup d'offres? Oui. Pas besoin de s'inquiéter!

Qu'est-ce qui vous pouse à choisir un rôle plutôt qu'un autre?

Kristin Scott Thomas: Non. Il ne s’agit pas de cela. C’est le projet dans sa globalité, l’engagement qu’il requiert. Si vous allez donner beaucoup de votre temps et de votre énergie vous voulez être surs de l’homme pour qui vous travaillez – ou la femme, même si c’est plus rare – les gens avec qui vous travaillez, les autres acteurs, où cela se passe, de quoi ça parle. J’ai fait des choses assez différentes. L’année dernière, je suis allée en Thaïlande et j’ai tourné un film avec Nicholas Winding Refn et Ryan Gosling. C’est un choix très facile. Après je suis rentrée en Angleterre et j’ai joué dans un drame historique à propos de Charles Dickens avec Ralph Fiennes et Felicity Jones, donc vous savez, c’est assez diversifié et maintenant je suis sur les plateaux de théâtre. J’aime faire des choses différentes. 

Qu'aimez-vous à propos des rôles français? 

Kristin Scott Thomas: Ils sont très variés. J’ai commencé à travailler beaucoup pour le cinéma français car j’en avais vraiment assez de jouer gens snobs, froids et distants et les rôles en France avaient plus de caractère. Ils étaient plus vivants, plus réels. J’en tombais amoureuse beaucoup plus facilement. J’ai avais marre d’avoir pitié de mes personnages. 

 

COMMENTAIRES:

07/05/2013 - s.pollock-hill a dit :

I found the film deeply disturbing, and that the boy Claude needed psychiatric help.KST described it as a comedy- perhaps she meant "comedie dramatique"? But then again some recent French cinema seems to have taken a dark and sinister path recently,eg "Beloved" (2011) Christophe Honore'. Does this reflect the
national pessimism ? Perhaps the country needs
an inspiring leader and less bureaucracy?

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